Le raï est un genre musical algérien apparu au début du XXe siècle autour d’Oran (Ouest de l'Algérie: Sidi-Bel-Abess, Temouchent,Ghazaouet, Rilizane, Mostaganem) et qui s'est répandu dans une moindre mesure au Rif oriental voisin (Nador, Kebdana, Alhoceima, Berkane, Melilla, Ceuta).
L’origine du mot raï, signifie « opinion », voire« avis » ou « point de vue », selon le journaliste Mohamed Balhi (« Dis moi mon sort », Algérie-Actualité, 10/08/1980), qui, le premier, a étudié ce genre musical, alors banni officiellement, en le popularisant dans les médias, viendrait de l’époque où le cheikh (maître), où le poète de tradition melhoun (héritée des Almohades) et plus précisément sa variante le wahrani, prodiguait sagesse et conseils sous forme de poésies chantées en darija. Al malhoun aurait en effet eu ses prémices à l’époque almohade où de nombreuses productions maghrébines et andalouses du zajal ont vu le jour selon Ibn Khaldoun. La forme première du malhoun était véhiculée par les maddahin, s’accommodait en effet très bien avec la mission de diffusion d’information que s’étaient assigné les premiers Almohades.
Cependant, dans le contexte de la complainte populaire, le chanteur qui se plaint de ses propres malheurs sans vouloir accuser personne s'accuse lui même. Et plus exactement, il s'adresse à sa propre faculté de discernement, à son raï qui, cédant aux sentiments, l'a conduit à prendre les mauvaises décisions. Le chant commence ainsi : Ya Raï (ô combien est riche mon discernement).